Elles avaient toutes les deux 13 ans et se considéraient l’une et l’autre comme les meilleures amies. Nous sommes le lundi 9 mai dans un collège de Shinagawa (Tokyo) et il est 18 heures passés lorsque Tohru et Ayame (prénoms fictifs) rentrent de leur activité sportive. Seulement, cette fois-ci, elles ne prennent pas la direction de leur maison mais se dirigent tout droit vers la gare de Ebara-machi. À 19h20, Tohru et Ayame sautent du quai en se tenant par la main et cela alors que le train débarque à toute vitesse. Le conducteur n’a pas le temps de s’arrêter et les percute de plein fouet. Tohru et Aayame portent encore leur uniforme scolaire. Elle rendront l’âme sur le trajet qui les mène à l’hôpital
Dans leur sac d’école, deux notes avec comme seule inscription : « Nous souhaitons mourir ». À l’heure où en est l’enquête, rien n’indique qu’elles étaient sujettes à un harcèlement moral de la part d’autres élèves. Pour autant, certains de leurs camarades ont fait état de problèmes personnels concernant les deux filles sans qu’on en sache davantage. Quant à leur voisinage, celui-ci les décrit comme des filles timides mais avec un bon fond. En attendant, Tohru et Aayame ont décidé de mourir alors qu’elles avaient toute la vie devant elles.
Pourquoi ? Je n’en sais rien. La dernière fois que j’ai évoqué le suicide d’une jeune personne au Japon, un petit garçon de 12 ans, c’était parce que celui-ci n’en pouvait plus d’être brutalisé par ses camarades de classe. Lesquels le considéraient comme un « faible » inutile à la société. Il a fini par se jeter sous le train d’une gare de Nagoya. Et face à toutes ces morts, face à ce gâchis de vies incommensurable, je ne peux en venir qu’à la conclusion que nous avons tous échoué à rendre ce monde meilleur. Nous avons tous échoué à faire en sorte qu’un enfant, lorsqu’il vient à la vie et prend conscience du monde qui l’entoure, réalise qu’il en est un élément précieux et prompt à réaliser de grand choses. Nous avons tous échoué à leur faire réaliser à quel point ils sont uniques et ont le droit au bonheur comme tout un chacun. Pour autant, nous ne pouvons pas baisser les bras. Pas encore. Mes pensées aux deux victimes, à leurs parents et à leurs proches.
