Florange : ou comment Mittal se fout de l’État français

C’est simple : depuis la privatisation du groupe sidérurgique Arcelor et son rachat en juin 2006 par Lakshmi Mittal, aucun engagement n’a été tenu par l’entreprise. De plans de restructuration en plans de restructuration (Gandrange en 2006), à aucun moment la sauvegarde des emplois français n’a fait partie des priorités et intérêts du groupe. Et ce n’est pas le semi-désaveu du ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, qui souhaitait renationaliser Arcelor, qui nous fera dire le contraire.

Après ça aurait pu être pire si l’État français, et surtout l’intersyndicale, n’avaient pas brandi la menace de nationalisation. Moi ce qui me gêne le plus à vrai dire, c’est pas tant les mesures du groupe, qui font partie inhérente du système capitaliste dans lequel la productivité prime avant tout, mais les engagements de départ pris par Mittal. Car la condition du rachat était bel et bien qu’il n’y ait aucune suppression d’emplois dans la zone européenne et que sa compétitivité soit assurée : conditions qui n’ont à l’évidence pas été respectés.

Et le semi-accord entre Arcelor-Mittal et le gouvernement français ne trompe personne. On a l’impression que l’État est pieds et poings liés face au sidérurgiste et en est réduit à retarder l’inévitable. Parce que si on regarde de plus près l’accord, on se rend compte très rapidement que les investissements de Mittal sur les infrastructures françaises sont bien moindres qu’attendus : 53 millions d’euros au lieu des 180 millions requis !

Et ça, ça signifie à terme un manque de compétitivité vis-à-vis des pays étrangers et une excuse toute trouvée pour délocaliser et supprimer encore plus d’emplois. Donc effectivement il n’y pas eu de suppressions d’emplois…mais ce n’est qu’une question de temps. Et les choses resteront quoiqu’il en soit en l’état car c’est tout le système qui est comme ça : il n’y aura pas de véritable changement sans un véritable effort commun d’imposer une réglementation qui place l’humain et l’éthique à, au moins, égalité avec les objectifs de productivité/rentabilité. Autant dire que c’est pas pour tout de suite…

Fondateur de YZGeneration, YummyZ, Ikke et Bang. Alter ego de Fafa Le Geek.

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