Décidément, j’ai toujours autant de mal à comprendre les couvertures de Charlie Hebdo. Et ça ne date pas d’hier : autant j’ai manifesté, le 11 janvier dernier, pour la Liberté d’Expression, autant je manifeste tout aussi ardemment le droit légitime de certains à se sentir blessés et à porter plainte devant la justice. Oui, j’ai bien dit « porter plainte » et non « faire un attentat ». Là est toute la différence entre un citoyen normalement constitué et un fondamentaliste détraqué.
Pour autant, il faut bien concéder que Charlie Hebdo enchaine les unes de mauvais goût. Je me rappelle encore de la couverture faisant écho au débris d’aile du vol MH370 retrouvé près des côtes réunionnaises. À savoir deux touristes tombant sur les bras arrachés du pilote agrippant les seins d’une hôtesse de l’air. Forcément, les proches des victimes ont fini par tomber dessus et ont été extrêmement blessés par la teneur bête, violente et gratuite des images.
Ici, rebelotte : en faisant un parallèle puant entre, d’un coté, la débilité et le racisme d’une Nadine Morano et, de l’autre, la trisomie 21, Charlie Hebdo sous-entend que toute la population française atteinte de trisomie est foncièrement débile et raciste. Sans compter le fait que Le Général de Gaulle a lui-même eu une fille trisomique, Anne, décédée prématurément à 20 ans. Que vont penser tous les Français ayant des proches atteints par la maladie ? Que vont ressentir les concernés face à cette couverture ? Un indice : que du mal, que de la douleur. Bien joué M.Riss.